Sciences et avenir : Dyslexiques : pourquoi certains s'améliorent plus que d'autres

Publié le par Lémos Dedys

Article parut dans sciences et avenir le 21/10/2010

Certains dyslexiques compenseraient leurs difficultés d'apprentissage en mobilisant d'autres zones du cerveau, suggère une étude.

Malgré la prise en charge des enfants dyslexiques, tous ne deviennent pas d’excellents lecteurs en grandissant. Avec l’aide de l’imagerie médicale, des chercheurs tentent de mieux comprendre les chances d’amélioration de ces élèves qui confondent certaines lettres (comme le d et le b), certains sons (comme le ch et le j) ou qui inversent des syllabes.

Pronostic à 90%

L’équipe de la neurologue Fumiko Hoeft, de l’université de Stanford en Californie (Etats-Unis) a obtenu un résultat intéressant : à partir de l’activation de diverses régions du cerveau, elle peut dire avec 90% de réussite quels enfants ou adolescents dyslexiques auront le plus de chance de progresser dans la lecture. Par comparaison, les 17 tests connus de lecture ne sont pas parvenus à établir un pronostic.


Les chercheurs ont soumis 25 dyslexiques, âgés de 7 à 16 ans, et 20 enfants du même âge lisant sans problème, à des tests en laboratoire. Grâce à l’imagerie médicale fonctionnelle (IRMf), Hoeft et ses collègues ont observé l’activité cérébrale des volontaires pendant un exercice de reconnaissance des rimes. Ils ont recommencé l’expérience deux ans et demi plus tard avec les mêmes.

Compensation

Chez les dyslexiques, certains avaient plus progressé que d’autres. Or leur schéma d’activité cérébrale est différent des dyslexiques qui ont le plus de difficultés. Il apparait notamment une activité plus importante dans une partie du lobe frontal, le gyrus frontal inférieur droit, chez ceux qui ont le plus progressé. Sachant que chez les lecteurs ‘normaux’ c’est dans l’hémisphère gauche que se trouve l’aire du langage, il semblerait que certains dyslexiques compensent en mobilisant d’autres zones dans l’hémisphère droit. Cela pourrait expliquer leur meilleure progression. De telles modifications ne sont pas observées chez les volontaires non-dyslexiques.

En comparant seulement deux zones du cerveau, le gyrus frontal inférieur droit et le faisceau longitudinal supérieur, Hoeft et ses collègues peuvent prédire à plus de 70% les chances de progression.

Ces résultats, publiés cette semaine dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, doivent être confirmés sur un plus grand nombre de dyslexiques. Même si leur application est difficilement imaginable pour la plupart des élèves dyslexiques, ces travaux pourraient aider les chercheurs à concevoir de nouvelles méthodes pour traiter ces troubles du langage.

Cécile Dumas
Sciences et Avenir.fr

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article